La Lettre de Léosthène

Analyse Géopolitique

Le club Bilderberg, l’entre-soi en sommet à Dresde

Posted on 11 juin 2016

« Depuis sa rencontre inaugurale en 1954, Bilderberg a été un forum annuel pour des discussions informelles destinées à promouvoir un dialogue entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Chaque année, entre 120 et 150 dirigeants et experts de l’industrie, de la finance, de l’université et des médias sont invités à prendre part à la réunion. Deux tiers environ des participants viennent d’Europe et le reste d’Amérique du Nord. Un tiers du monde politique et gouvernemental, le reste d’autres domaines. La rencontre est un forum pour des discussions informelles sur les tendances lourdes et les questions majeures que le monde affronte » (1). Et le site officiel des rencontres de ce cercle fermé d’annoncer sa 64e réunion, qui se tient à Dresde, en Allemagne, du 9 au 12 juin 2016 trois jours durant. Selon la même source, le club est né en 1954, en pleine guerre froide, et tient son nom de l’hôtel De Bilderberg du bourg d’Oosterbeek, située dans le centre des Pays-Bas.

Chaos au Brésil, à qui profite le crime ?

Posted on 18 mai 2016

La santé et la stabilité des grands pays émergents inquiètent le FMI comme la Banque mondiale. Pourtant, il n’y a pas encore un an, en juillet 2015, Laurence Daziano, maître de conférence en économie à Sciences Po, pouvait écrire pour les Echos, à l’occasion de leur septième sommet à Oufa, en Russie centrale : « une autre gouvernance mondiale s’organise autour des BRICS », nous le relevions ici (1). Depuis ? Des cygnes noirs sont apparus qui ont mis à mal la belle ambition exprimée par le président russe d’un monde « polycentré », libre de transformer l’ordre mondial et de contester la domination de l’Occident. Le dernier, et le plus étonnant, est survenu avec l’éviction, en théorie pour 180 jours, de la présidente brésilienne Dilma Rousseff – pour des libertés d’écriture des comptes publics et non pas pour corruption personnelle.

Donald Trump, à contre-courant du globalisme

Posted on 30 avril 2016

Qu’est-ce qui déplaît autant aux éditorialistes dans le discours donné par Donald Trump le 27 avril à l’hôtel Mayflower de Washington, sur la politique étrangère qu’il se propose de mener s’il est élu président en novembre prochain pour les Républicains ? On les dirait sans repères personnels, reprenant le plus souvent, comme s’ils étaient eux-mêmes engagés dans la campagne présidentielle américaine, les réactions partisanes des soutiens à Hillary Clinton – celle de Madeleine Albright, secrétaire d’Etat de Bill Clinton entre 1997 et 2001 par exemple: « Je n’ai jamais vu une telle combinaison de slogans simplistes, de contradictions et d’inexactitudes dans un même discours. Le but de Donald Trump était peut-être de nous convaincre qu’il peut être présidentiable. Au lieu de ça, il a souligné le fait qu’il mène la campagne présidentielle la plus imprudente et la plus dangereuse de l’histoire moderne ». Ou encore celles, nombreuses, d’universitaires et de conseillers politiques qui jugent son discours « décousu », voire « pathétique ».

Présidentielle en Autriche, comme un présage

Posted on 27 avril 2016

« C’est un nouveau raz-de-marée pour l’extrême droite en Autriche. Le candidat du parti FPÖ, Norbert Hofer, est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle ce dimanche 24 avril avec 36,7 % des suffrages exprimés. Les résultats sont très serrés pour la deuxième place, le candidat écologiste a réuni 19,7 % des voix, 18,8 % pour une candidate indépendante. Les deux grands partis au pouvoir depuis 1945 sont éliminés au premier tour, selon des sondages à la sortie des bureaux de vote » (1). Pas de surprise pour ceux qui suivent de près – qu’ils y soient favorables ou non, ce qui n’est pas le sujet ici – la désaffection des électeurs pour les partis traditionnels qui ont exercé le pouvoir depuis 1945. Donald Trump aux Etats-Unis, le « choc » de la montée de l’Alternative für Deutschland (AfD) en Allemagne, celle du Front national en France, de l’UKIP au Royaume Uni, et d’une façon générale les succès de la galaxie des partis commodément désignés comme « extrêmes » en Europe confirment ce que les analystes invités par les médias appellent une « volonté de changement » dans l’électorat des démocraties occidentales.

L’américain Ash Carter en Inde : nous ne cherchons rien d’exclusif…

Posted on 13 avril 2016

« En huit ans à la tête des Etats-Unis, George Bush n’avait pas réussi grand chose en politique étrangère, mais c’est en partie grâce à lui que le rapprochement entre Washington et New Delhi avait pris corps, grâce, notamment, à une volonté affirmée de (faire) reconnaître (en 2006) l’Inde comme un pays pouvant importer des technologies nucléaires civiles malgré sa non signature du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP » (1). Nous relevions aussi en janvier 2010, avec la visite du vice-président américain Jo Biden (2), que Barak Obama reprenait l’idée de renforcer avec l’Inde, pays de tradition « non alignée » sur aucun bloc politique ou militaire, un « partenariat stratégique » autour « d’intérêts convergents ».

Une brume épaisse sur la France

Posted on 2 avril 2016

Point besoin d’être grand clerc pour constater qu’à treize mois des présidentielles (23 avril et 7 mai 2017, dates à confirmer), l’avenir de leur pays ne se dessine pas clairement pour les Français. Un tour d’horizon sur les différents sondages récents (1) l’atteste sans ambiguïté : le trouble de l’électorat est profond, et rien ni personne ne paraît apporter la clarté nécessaire à sa décision. « Selon un sondage Elabe pour Atlantico, les Français sont plutôt hostiles aux partis politiques et assez largement favorables à un renouvellement de la classe politique française. Ils sont 74% à afficher un sentiment négatif face aux partis, 40% de l’inquiétude et 34% de la colère quand seulement 4% ont des sentiments positifs (1% de l’enthousiasme et 3% de la confiance). 78% se disent prêts à voter pour un candidat ni issu ni soutenu par un parti et 66% pour un candidat en dissidence avec le sien ». Un sondage qui confirme celui du CEVIPOF réalisé en janvier, dont nous faisions état ici : « cette enquête est un appel à rompre le mur qui s’est élevé entre les deux France, d’une part celle des palais nationaux ou des plateaux de télévision, d’autre part la majorité silencieuse qui souffre d’être ignorée, dédaignée, rabrouée en permanence » (2). Que demandent les électeurs ? Un programme, pour 57% d’entre eux, selon l’enquête Elabe. C’est à dire une proposition de ce que peut être la place de leur pays dans le monde d’aujourd’hui et de demain.

TPP, TTIP, le rêve d’Obama prend l’eau

Posted on 27 février 2016

Une semaine de travail s’est achevée à Bruxelles entre les négociateurs américains et ceux de la Commission autour du TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership, ou TAFTA Tansatlantic Free Trade Agreement), douzième session du genre depuis l’ouverture officielle des négociations le 17 juin 2013. Et si l’on en croit l’Allemand social-démocrate (SPD) Bernd Lange, qui préside la Commission du commerce international au Parlement européen, « l’un des rares qui ont accès aux documents secrets de l’accord de libre-échange de la négociation en cours », nous dit le quotidien allemand Deutsche Welle (1), l’affaire n’est pas dans le sac. « Le TTIP est en crise. Mais seul l’un des partenaires est malade : les Etats-Unis. Ils ont clairement à amplifier leurs efforts et à faire un pas vers les Européens ». Laissons là le (tiède) démenti du représentant américain Michael Froman (« Nous avons fait de bons progrès depuis six mois ») – la Commissaire européenne du commerce, la suédoise Cecilia Malmström exprime elle-même des doutes : trouver un accord avant le départ du président Obama « ne sera pas facile ».

Cour des comptes européenne : la Commission au rapport

Posted on 30 janvier 2016

Ceci vous concerne, bonnes gens !
Il s’agit de votre argent.
La critique est aisée, mais l’art est difficile. C’est, en résumé, la réponse de la Commission aux critiques qui lui sont adressées par la Cour des comptes européenne sur sa gestion de la crise financière – particulièrement sur les aides apportées aux pays qui, après 2008, ont réclamé une assistance. « Bruxelles a souvent été critiquée par l’extrême gauche européenne pour les potions amères qu’elle a infligées aux pays en faillite pendant la crise financière » qui a frappé l’Union européenne après la chute de Lehman Brothers aux Etats-Unis en 2088, remarque Renaud Honoré pour les Echos (1). « Surprise, la Cour des comptes européenne – qui n’a rien d’un organe marxiste – n’est pas tendre non plus avec la Commission européenne et la façon dont elle a géré les plans d’aide à ces Etats en difficulté (…). Le diagnostic délivré ce mardi par la gardienne des Finances de l’Union européenne se révèle assez critique et débouche sur neuf recommandations destinées à éviter de reproduire les mêmes erreurs » (voir p. 72 du PDF).

Les médias et les Français : il y a comme un problème…

Posted on 20 janvier 2016

Pourquoi la dernière étude du CEVIPOF parue le 17 janvier (1), qui mesure depuis 2009, chaque année, l’état d’esprit des Français, leur confiance dans leurs institutions, est-elle entourée d’un si grand silence ? Peut-être parce que les médias, relais de l’information, y tiennent une place catastrophique : 1% (un pour cent) des sondés leur font tout à fait confiance, et 23% plutôt confiance, ce qui veut dire que les trois quarts des personnes interrogées ne leur font plutôt pas (48%) ou pas du tout (27%) confiance (p. 29 du PDF). Peut-on voir pire ? Oui, les partis politiques culminent à 87% d’opinions très (40%) ou plutôt négatives (47%). Ce palmarès est-il circonstanciel ? Non, les médias ne faisaient pas mieux en 2009 (2) si les partis politiques réussissent à hausser leur score d’opinions négatives (82%) de 5 points depuis 2009. Il y a comme un problème, résume Maxime Tandonnet qui distingue le Figaro dans cet océan de silence.

31 décembre, nuit barbare en Europe

Posted on 10 janvier 2016

« Je suis Syrien. Vous devez me traiter avec courtoisie. Mme Merkel m’a invité ».
Témoignage d’un policier allemand de Cologne (voir note 5).
« Ils voulaient surtout commettre des agressions sexuelles, ou, pour le dire dans leur logique, s’amuser sexuellement ». Ce sont les mots d’un policier allemand rapportés par le journal Welt am Sonntag qui s’appuie sur un rapport de la police de Cologne du 2 janvier. Faits repris par le quotidien Die Welt le 7 janvier (1) et par Le Monde daté du même jour (2). Il aura donc fallu une semaine pour qu’émerge un début d’information fiable sur l’ampleur des « agressions sexuelles de masse » (selon les termes de la police de Cologne) commises simultanément et selon le même mode opératoire dans plusieurs pays européens pendant la nuit du nouvel an : en Allemagne, bien sûr, Cologne d’abord (121 plaintes à ce jour), Hambourg (plus de 50 plaintes), Berlin et Francfort (plaintes isolées pour l’instant), Stuttgart, Salzbourg en Autriche, mais aussi en Suisse, à Zurich (3) et dans la banlieue de Bâle et en Finlande (Helsinki). Le nombre de plaintes augmentant de jour en jour, aucune analyse d’ensemble n’est disponible, à notre connaissance, au moment où nous écrivons. Le recensement le plus complet étant celui du très sérieux Telegraph britannique (4) à la date du 8 janvier.